Sport et technologie, pour le meilleur et pour le pire.
Si l’édition 2010 du Tour de France a été, de ce point de vue, relativement épargnée, le cyclisme reste toutefois parmi les sports les plus fréquemment visés par les soupçons de dopage : EPO, transfusions sanguines, amphétamines, la liste des substances contrôlées est longue. Les sportifs désignés dans le cadre du programme national de contrôle de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) doivent lui communiquer toutes les informations relatives à la préparation, à l’organisation et au déroulement de leurs entraînements, ainsi que la liste des compétitions et manifestations sportives auxquelles ils participent.
Cette obligation de localisation quotidienne s’applique depuis le 1er janvier 2008 aux coureurs cyclistes. A l’heure actuelle, près d’un contrôle sur cinq, tous sports confondus, vise le cyclisme.
La non communication des éléments sollicités par l’AFLD, la communication d’éléments parcellaires ou encore l’absence du sportif concerné au lieu et heures par lui indiqués dans sa déclaration l’exposent à des sanctions disciplinaires. Les contrôles se déroulent également dans tous établissements ou annexes à ces établissements dans lesquels sont pratiquées des activités physiques ou sportives. Le cas échéant, lorsque l’entraînement du sportif ne se déroule pas habituellement dans un lieu consacré aux entraînements, compétitions ou manifestations sportives, les contrôles peuvent se dérouler dans tout autre lieu, dont son domicile, choisi avec l’accord du sportif ou à sa demande, permettant d’assurer le respect de son intimité.
Le Conseil d’Etat a considéré que le fait pour un coureur cycliste de s’être délibérément soustrait à un contrôle antidopage est de nature à justifier légalement la sanction d’interdiction de participer, pour une durée d’un an, aux compétitions ou manifestations sportives organisées ou agréées par la Fédération Française de Cyclisme et par la Fédération Française de Cyclotourisme1.
Au delà du dopage classique, à base de substances chimiques, la question du dopage technologique prend une place croissante dans les débats sur la lutte contre le dopage. Des spatules de l’athlète sud-africain Oscar Pistorius aux combinaisons des nageurs, le cyclisme connaît lui-aussi des remous liés au dispositif d’assistance motorisée électrique dont sont soupçonnés d’avoir abusé certains cyclistes au cours de certaines courses de la saison sportive, comme le Paris-Roubaix.
Il s’agirait d’offrir aux coureurs une puissance supplémentaire de plusieurs centaines de watts pendant plus d’une heure. Le moteur serait alors dissimulé dans les cadres des vélos, plus précisément dans le tube de selle, le reste des cadres se trouvant en carbone, avec le passage des vitesses. Ce système existe, il a été mis au point par la société allemande GRUBER. Le moteur est de forme cylindrique et se glisse dans le cadre vertical. Il serait actionné au niveau du guidon par une pression d’un bouton. Dans le système GRUBER, le batterie est installée sous la selle, dans une petite poche, et reliée par câble au moteur.
L’Union Cycliste Internationale (UCI) a décidé de porter une attention accrue à ce type d’hypothèse et de recourir à des méthodes de contrôle de type scanner afin de détecter d’éventuelles motorisations et ce, dès le Tour de France 2010. « On applique un bracelet inviolable sur le cadre. L’outil de contrôle fonctionne comme un scanner dans les aéroports, ça donne une radiographie de l’intérieur du cadre et, s’il y a quelque chose, le vélo est confisqué et le coureur est mis hors-course », a ainsi expliqué le président du jury des commissaires de l’UCI, Francesco Cenere.
Le règlement de l’UCI prévoit en effet, en son article 1.3.010 relatif à la propulsion, que celle-ci doit être « assurée uniquement par les jambes dans un mouvement circulaire, à l’aide d’un pédalier sans assistance électrique ou autre ».
Si les innovations technologiques sont susceptibles d’être les pistes les plus explorées, à l’avenir, par les sportifs en mal de performance, il est toutefois intéressant de mentionner que l’outil technologique est également de plus en plus utilisé dans le cadre de la lutte anti-dopage. Ainsi, la vidéo permet, depuis plusieurs années, de mesurer avec précision les performances de puissance musculaire des cyclistes dans certains cols revêtant une importance stratégique dans l’épreuve. Les puissances sont exprimées en watts. Il s’agit ainsi d’un dispositif de détection indirecte du dopage, permettant notamment de relever les différences entre sportifs mais aussi entre performances, d’une année sur l’autre, du même sportif. Le système intéresse le ministère de la santé et des sports, qui envisage d’en faire l’un des piliers du « passeport physiologique » qui devrait être mis en place à l’automne 2010.
Insertion de puces dans les ballons de football, mesure technique de la performance, arbitrage électronique en escrime, développement de nouveaux matériaux, les évolutions techniques sont vraisemblablement l’avenir du sport, pour le meilleur… et pour le pire?